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Colette par Georges Flanet


Colette 

 

Hommage à Colette

 

Sidonie-Gabrielle Colette  (1873-1954)

 

"Le vent se meurt sous les allées couvertes où l'air se balance à peine, lourd, musqué... Une vague molle de parfum guide les pas vers la fraise sauvage, ronde comme une perle, qui mûrit ici en secret, noircit, tremble et tombe, dissoute lentement en suave pourriture framboisée dont l'arôme enivre, mêlé à celui d'un chèvrefeuille verdâtre, poissé de miel, à celui d'une ronde de champignons blancs... Ils embaument la truffe fraîche et la tubéreuse."

Colette, les Vrilles de la vigne (1908).

 

 

"Et les violettes elles-mêmes, écloses par magie dans l'herbe, cette nuit, les reconnais-tu ? Tu te penches, et comme moi tu t'étonnes;-ne sont-elles pas, ce printemps-ci, plus bleues ? Plus mauves... non plus bleues (...) Cesse cette taquinerie ! Porte plutôt à tes narines le parfum invariable de ces violettes changeantes et regarde, en respirant le philtre qui abolit les années, regarde comme moi ressusciter et grandir devant toi les printemps de ton enfance !... Plus mauves... non plus bleues... Je revois des prés, des bois profonds que la première poussée des bourgeons embrume d'un vert insaisissable... Violettes à courte tige... et violettes d'un blanc bleu veiné de nacre mauve, - violettes de coucou anémiques, qui haussent sur de longues tiges leurs pâle corolles inodores... Violettes de février, fleuries sous la neige, déchiquetées, roussies de gel , laideronnes, pauvresses parfumées... O violettes de mon enfance ! Vous montez devant moi, toutes, vous treillagez le ciel laiteux d'avril, et la palpitation de vos petits visages innombrables m'enivre... "

Colette, les Vrilles de la vigne (1908).